Mercredi, départ
bien trop tôt pour moi et pour profiter de ma première semaine de vacances. Le
sac est rempli de matériel dont je ne sais même pas me servir. Après une descente, accompagnés
par le vent, nous traversons le glacier d'Argentière. Le col du Chardonnet
parait tellement raide... "on met les couteaux !"... Je serre
les dents, je suis les skis devant moi, je monte en baissant la tête.
Un passage de col et nous voilà dans
un autre monde, plus sauvage, et surtout moins venteux... Le soleil nous fait
signe, la neige blanche nous appelle. Seuls au monde. Cette fois je sais
pourquoi je suis là.
La fin de cette première journée est
comme un rêve, des descentes sur une neige intacte,
des petites ascensions qui n'en paraissent pas tant je veux voir
les nouvelles montagnes qui s'élèveront derrière.
Entre Chamonix et Champex, photo J.P Tauvron |
Entre Chamonix et Champex, photo J.P Tauvron |
De Chamonix à Arolla, en passant du massif du Mont Blanc aux Alpes Valaisannes, j'ai découvert un autre ski, un autre effort. En
dormant à Champex, aux cabanes de Prazfleuri, des Dix et des Vignettes, j'ai
pris le temps de vivre, jouer aux cartes, savourer un plat de roesti et
une bière, la première de la saison, je vous le jure, partager les
dortoirs et les ronflements. En passant les moraines, en franchissant les cols,
j'ai vu les Alpes comme rarement je les vois depuis nos fonds de vallées, j'ai
parcouru des glaciers, entrevu des pics et des cimes. En enchainant descentes,
montées et passages techniques, j’ai appris à me servir de mon nouveau
matériel, à être plus rapide, des fois, à être plus attentive et
prendre plus de confiance en moi.
Ce raid a fini de
la même manière qu'il a commencé : rafales de vent et masques bien
ajustés. Le vent a hurlé toute la nuit sur l'arrête de la cabane des
Vignettes, l'accalmie n'est pas prévue pour tout de suite. Nous ne
poursuivons pas, le voyage s’arrête là.
« Ce monde
de rêve n'admet point, hélas ! les rêveurs. Il exige un sens aigu des réalités,
une attention scrupuleuse et mesquine, car nulle part, peut-être, on y dresse
autant d'embûches à nos carcasses »
Samivel. « L’amateur d’abîmes », 1971.
Samivel. « L’amateur d’abîmes », 1971.
Ces quelques lignes évoquent cinq journées fantastiques passées en
altitude avec l’Ecole Militaire de Haute Montagne (EMHM). Et, la dernière
journée, en redescendant sur le glacier de Pièce, nos collègues de l’EMHM nous
ont fait la surprise de nous remettre le Brevet d’alpinisme militaire. Avec
Nelly, Paul et Marine, nous étions quatre sportifs de haut niveau engagés dans
cette aventure. Et, symboliquement, les insignes correspondant à notre Brevet
nous ont été remis par nos binômes et anges gardiens respectifs.
J’adresse donc un grand merci aux alpinistes de l’EMHM (j’aurais aussi
intituler ce post « Hommes, cimes et Dieu », du titre d’un autre livre de Samivel) pour cette découverte de la haute montagne. En revanche, je
n’ai toujours pas vu Zematt et le Cervin de près… sûr je reviendrai.
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