lundi 25 août 2014

La paroi verticale

Cette fois ci, j'ai décidé de vous épargner le compte rendu détaillé de mes états d'âme pendant le prologue et la poursuite des Championnats de France de ski roue qui se sont déroulés le week-end dernier aux Ménuires.
Une phrase, une seule, de Georges Livanos (1923-2004) pourrait à elle seule résumer mon sentiment pendant la montée : "la paroi (la pente, en ce qui me concerne), déjà verticale, se redressait encore...".

Dimanche matin, sur la ligne d'arrivée (photo Jérome de Nordic Mag)
Bref, après quelques jours de découverte du Beaufortain guidée par Marion Buillet, j'ai retrouvé mes collègues de l'équipe de France et tous les Comités pour les championnats de France de ski roue dans la station des Ménuires, en Savoie.

Après une deuxième place sur le prologue samedi, je n'ai pu résister aux attaques de Coraline et Aurélie dimanche sur la poursuite. La route n'arrêtait pas de se redresser ! Je termine néanmoins troisième, derrière Cora et Aurélie, suivie de près par la Célia, la cadette de notre groupe.

J'ai donc validé la première partie de mon entrainement estival pour rebondir sereinement vers l'automne et la deuxième partie de ma préparation. J'espère juste une chose : avoir un peu plus de soleil que cet été... Et pour le rendez vous avec la neige, il faudra juste attendre encore deux semaines pour le stage dans le tunnel de Oberhof.

Take care,

Anouk

lundi 18 août 2014

Chauxathlon 2014


Vendredi, à la Chaux de Gilley, j'ai encore passé un bel après midi en les gouttes. Avec Emilie Schemith nous avons disputé l'édition 2014 du Chauxathlon et remporté la victoire par équipe.

A très bientôt,

Anouk

vendredi 8 août 2014

Lysbotn opp

                                    

La Norvège des fjords, paysage idyllique… le décors du Blinkfestival a de quoi vous faire rêver. Pourtant, la semaine dernière, la montée sur les pentes du Lysbotn n'a rien eu d'une promenade touristique. Alors, pour que vous compreniez bien, je vais vous dévoiler (en exclusivité sur ce blog) ce qui s'est passé dans ma tête au cours des vingt neuf virages.

Premier virage, je pars fraiche comme un gardon avec en ligne de mire, les fesses de Kristin Stormer Steira et Liz Stephen, les vainqueurs du jours.
Deuxième virage, le rythme est soutenu, tout va bien.
Troisième virage, nous sommes dans le tunnel long d'un kilomètre, je n'y vois rien, je me guide uniquement au bruit des cannes sur le bitume.
Quatrième virage, enfin un halo au bout du tunnel.
Cinquième virage, le groupe de tête me lâche, je garde mon allure, c'est à la fin de la foire que l'on compte les bouses.
Sixième virage, Marine (Bolliet) me pose un sac… ouh là ça me fait encore plus mal aux jambes.
Septième virage, je pense au conseil de ma copine Aurore pour la montée finale du Tour de ski : "surtout ne lève la tête, ne regarde que tes chaussures".
Huitième virage, c'est trop raide, je passe en décalé… qu'est ce que je regrette la montée du Larmont que j'avale en un temps avec mes skis roue rapides.
Neuvième virage, je me concentre sur ma technique, plutôt que sur mes jambes qui piquent.
Dixième virage, au loin je vois le gruppetto qui passe le virage suivant… je comprends que je ne les reverrai pas.
Onzième virage, j'ai le malheur de regarder en haut et te voir ce qui me reste à faire… j'aurais du écouter Aurore.
Douzième virage, c'est décidé, je ne cours pas contre les autres, mais contre moi même pour battre mon propre record.
Treizième virage, je ne veux pas décevoir Aurore, je ne regarde pas en haut, mais en bas… j'ai déjà gravi quelque mètres de dénivelé. 
Quatorzième virage, mon pouls s'emballe, je veille à bien m'oxygéner sur chaque poussée.
Quinzième virage, j'évalue ma place au dessus : objectif top 30.
Seizième virage, je vois sur le haut de la route, en contre haut, un supporter en t-shirt rouge. Je me dis que quand je passerai devant lui… ça sera déjà pas mal. 
Dix-septième virage, juré je viendrai un jour en vacances ici, mais pas pour courir dans cette terrible ascension de Lysebotn fjord.
Dix-huitième virage, j'ai la gorge sèche à force d'hyper ventiler… pourquoi je n'ai pas pris ma gourde.
Dix- neuvième virage, l'année dernière, un mal de dos m'avait permis d'échapper à cette terrible montée. Je paierais cher pour revivre cela.
Vingtième virage, je suis devant le gars au t-shirt rouge : ça ne va pas mieux pour autant.
Vingt-unième virage, je passe devant la pancarte "2 kilomètres de l'arrivée"… quelle idée, quelle torture de nous infliger ça.
Vingt-deuxième virage, j'entends la sono de la ligne d'arrivée… les premières arrivent. Mon dieu qu'elles vont vite.
Vingt-troisième virage, je me demande si j'ai bien éteint le four en partant de chez moi.
Vingt-quatrième virage, je passe devant mon entraineur qui m'encourage d'un timide "allez, allez". Ouh là, ça ne semble pas la forme des grands jours.
Vingt-cinquième virage, mais un fjord, ça résulte de l'érosion d'un glacier ? En passant, ce satané  glacier n'aurait pas pu le creuser un peu moins profond.
Vingt-sixième virage, la Norvège, pays du ski de fond, pays des supporters du ski de fond, on se croirait dans l'étape de l'Alpe d'Huez au Tour de France.
Vingt-septième virage, la fin approche, le moral remonte, je replace un un temps conquérant pour rallier l'arrivée.
Vingt-huitième virage, qu'il fait chaud… je vois les névés accrochés au montagnes, je pense à la neige et me dis que je préfère skier l'hiver que rouler l'été.
Vingt-neuvième virage, je la vois cette arrivée… dans quelques secondes et mon agonie sera finie.

Ouf… vous comprendrez que si j'ai tardé à donner mes impressions de course, c'est qu'il fallait que je remette physiquement et mentalement de la Lysbotn opp.

à bientôt Anouk,
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